Si vous êtes malade depuis un petit bout de temps, vous avez probablement eu des hauts et des bas. Ou plutôt des moyens, des bas et des très bas. Et parfois aussi des encore plus bas.
Et oui, une convalescence, ce n’est pas vraiment une progression linéaire. Il y a la première blessure, le choc quand on se rend compte de l’ampleur des dégâts, puis l’état qui s’améliore avec le temps et les traitements. Et de temps en temps, l’amélioration qui se met en pause. Voire même qui fait trois pas en arrière, parce qu’on veut pouvoir vivre encore comme avant, ou qu’on ne sait pas encore tout ce qu’on ne peut plus faire.
Et lorsque la douleur, qui s’estompait un peu, augmente de nouveau, c’est extrêmement difficile à vivre. Comme si la douleur qu’on supportait avant devenait beaucoup plus intense. Grosse phase de découragement. Sans compter la peur de refaire un effort, et l’idée sous-jacente que les progrès ont été effacés et réduits à néant. Bref, c’est la loose.
Alors, comment on gère ces périodes désagréables quand après une belle amélioration, notre état se dégrade parce qu’on a trop tiré ? Deux axes d’actions : 1. on essaie de prévenir plutôt que de guérir, i.e. dans la mesure du possible, on anticipe pour ne pas ralentir la progression en forçant au-delà de nos capabilités ; et 2. on agit sur son mental en acceptant les phases de moins bien.
Comment réduire l’amplitude des yoyos
1. On identifie son schéma d’action pour déterminer quand on tire trop
Il n’est pas toujours facile de se rendre compte sur le coup de l’intensité de la douleur. Lorsque la douleur est présente en continu, on a tôt fait de reléguer la sensation douloureuse dans un coin de sa tête et de se focaliser sur le reste, pour pouvoir profiter des quelques activités qui nous sont autorisées. Autrement dit, on mobilise toute nos capacités de concentration pour faire abstraction de la douleur. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas là. Simplement qu’on fait un effort pour ne pas y prêter attention.
Si c’est rudement pratique parce que ce mécanisme permet de « bloquer » temporairement la douleur, c’est également hyper dangereux. Et oui, figurez-vous que les sensations sont là en garde-fou, pour nous éviter de nous blesser ou de faire des choses dangereuse. Donc bloquer la douleur parce qu’elle est trop présente implique de ne pas se rendre compte qu’elle augmente et donc de ne pas s’arrêter à temps. Et une fois qu’on peut enfin se reposer, là, c’est le drame ! Ou plutôt, la poutre en fonte qui vous dégringole sur le bout du nez ! Parce qu’une fois ça ira, mais si vous faites ce genre de galipettes régulièrement, il est possible que votre corps mette de plus en plus de temps à se remettre. C’est comme l’histoire de la tasse de Rumpelstinskin dans Once Upon a Time ou du continuum espace temps dans The Flash – bonjour les références séries ! Si vous forcez une fois et cassez la tasse, ça ira, vous pourrez recoller les deux bouts. En revanche, si vous répétez l’opération de nombreuses fois, il arrivera un moment où elle sera tellement morcelée qu’il sera alors impossible de la réparer. Ben c’est pareil pour votre corps. À chaque fois que vous forcez alors que c’est en train de se réparer, vous refaites sauter le tout et vous épuisez vos ressources de cicatrisation.
La solution pour endiguer cette vilaine habitude, c’est d’analyser après-coup : lorsqu’on prend conscience d’avoir trop tiré, il faut bien noter l’effort effectué. Et la fois d’après, se souvenir d’arrêter avant.
Vous pouvez pour cela utiliser la règle des 2/3. C’est à dire de tester la fois suivante en arrêtant au 2/3 de l’effort lors duquel vous avez explosé votre seuil de douleur. C’est pas clair ? Mettons qu’en marchant 1 heure vous soyez tout fourbu, diminuez l’effort à 40 minutes la fois suivante. Et si c’est bon, roule ma poule, vous pouvez ensuite vous stabiliser et très progressivement réaugmenter l’effort. Sinon, on réapplique la règle des 2/3, et ainsi de suite jusqu’à identifier le seuil de faisabilité.
2. On prend le réflexe de se protéger dès le départ plutôt que quand ça tire
Le principe est d’inverser votre fonctionnement mental pour prendre soin de vous plutôt que d’agir en réaction une fois que c’est trop tard.
Par exemple, je me suis rendue compte que lorsque je rends visite à des amis, dans les transports, je prends l’escalier à l’aller et l’ascenseur au retour. Pourquoi ? Parce qu’à l’aller, quand ça ne fait pas encore trop mal, je me dis : allez, c’est bon, c’est pas grand chose… tandis qu’au retour, pas le choix, j’ai tellement mal après la sortie que ce n’est même pas la peine d’envisager les escaliers… Alors qu’en fait, si j’avais le réflexe de prendre l’ascenseur dès l’aller, je fatiguerais moins vite pendant les activités, et l’intensité de la douleur ne serait pas aussi intense une fois rentrée chez moi. Donc le temps de récupération ne serait pas aussi long. Et mon corps aurait moins forcé.
On apprend à dédramatiser les variations pour garder le moral
1. On accepte les phases de stagnation et de dégradation
Y a pas trente six mille solutions, il faut simplement accepter qu’il y aura des moments où ça ira mieux, et d’autres où ça ira moins bien qu’avant. C’est normal. L’essentiel étant que l’évolution globale soit en progression.
Pas besoin d’une évolution continue, dans la vie il y a peu de choses qui sont régulières et ininterrompues. On fonctionne le plus souvent par paliers.
Visualisez votre convalescence comme une randonnée : vous commencez par une phase très ardue d’escalade en dévers, puis une fois que vous êtes bien épuisé par la montée, vous enchaînez sur une pente rude mais moins abrupte. Puis une petite phase de descente douce vous permet de regagner quelques forces, avant de recommencer à gravir une nouvelle pente. Parfois tout se passe bien, et vous avez la chance de tomber sur une superbe descente en toboggan ou en vélo. Lors de laquelle on peut vous arrêter et vous demander de descendre du toboggan ou du vélo, pour recommencer à grimper sur vos deux pieds. Dans ce cas, recommencer à grimper semble très pesant, même si l’inclinaison de la pente est plus douce que celle que vous avez pu faire avant. Comme si votre sac à dos, presque une plume quand vous étiez à vélo, était maintenant devenu une enclume qui vous plombait chaque pas. Et l’enchaînement continue. Descente plus ou moins inclinée, montée plus ou moins prononcée.
Oui, d’accord, l’image est contre-intuitive, puisque les phases d’amélioration sont en descente, et les phases de dégradation en montée, alors que les expressions françaises tendraient plutôt vers le contraire : « toucher le fond », « remonter la pente »… Certes, certes. On cause ici d’effort à fournir au jour le jour au regard de l’intensité de votre douleur. Quand vous avez mal, vous galérez pour chaque mouvement, en haletant comme si vous grimpiez, tandis que quand l’étau se desserre, vous respirez soudain mieux et avez l’impression que tout roule de manière plus fluide. D’où l’inversion montée/descente 😉.
Une fois qu’on a compris qu’il est normal qu’il y ait des yoyos, et bien on patiente gentiment dans les phases de moins bien en attendant le prochain mieux. Parce qu’il y aura forcément un prochain mieux.
Et le simple fait de relativiser améliore énormément la manière dont on vit sa convalescence ! Plutôt que de se dire : Mince, j’ai encore réduit à néant tous les efforts précédents en forçant comme une brute, on se dit : Ba, ça veut simplement dire qu’il était encore trop tôt pour tester ce genre d’activités.
L’essentiel étant de se dire : la prochaine fois, je serai plus prudent et plus attentif à mon corps en cours d’activité, pour ne pas aller trop loin.
2. On fait la liste de tout ce qu’on peut faire selon chaque état
Pour garder le moral et ne pas se décourager lorsqu’une phase de moins bien vient prendre le relai d’une phase de bien mieux, rien de mieux que de se tourner vers des activités plaisantes et sans risque.
Plutôt que d’être frustré en se disant que flûte de zut, on s’imaginait courir le marathon dans quelques semaines au vu des progrès et que maintenant c’était râpé avant belle lurette, on se tourne vers le connu et apprécié. Idéalement quelque chose qui ne vous fera pas tirer sur la corde, mais que vous ne faites pas fréquemment. Aller vous balader dans un très joli parc plutôt que de suivre votre parcours habituel, visiter une exposition courte, organiser une après-midi jeux de société avec vos amis, etc.
Ne vous enfermez pas dans votre quotidien qui est de nouveau plus douloureux, mais au contraire faites vous plaisir, avec une activité très douce pour votre corps. Pour ne pas oublier que malgré la douleur, votre vie est belle. Et que même si certaines choses sont hors de votre portée, de nombreuses autres vous sont accessibles, et que celles-ci vous bottent follement !
On récapitule les étapes pour gérer les phases de moins bien lors d’un convalescence :
- On détermine précisément ce qu’on peut faire ou non en tirant les leçons de chaque expérience ;
- On anticipe et on se protège dès le départ, même quand on se sent pas trop mal ;
- On intègre qu’il y aura des hauts et des bas et que c’est normal que la progression ne soit pas constante ; et
- On fait en sorte de voir la vie du bon côté même lorsque l’intensité de la douleur augmente de nouveau.
Voilà ! Bon, y a du chemin, c’est un travail sur soi de tous les instants… Encourageons-nous les uns les autres !
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