Lorsqu’on m’a annoncé trois semaines d’arrêt maladie au début, j’ai trouvé ça très très long. Puis quand on m’a dit horizon deux mois, ça me semblait une éternité. Idem quand on m’a dit que dans six mois je devrais être tirée d’affaire, le truc complètement irréel… Au fur et à mesure des diagnostiques, on me rajoutait du temps de convalescence. Et ça fait maintenant plus de deux ans et demi que cette histoire dure.
Plus la deadline s’éloigne, plus cette aventure me semble absurde. Euh sérieux, je suis vraiment encore coincée au lit une grande partie de mes journées si longtemps après, à cause d’une bête chute en rollers ?! 🤔 Je ne peux pas poser mes fesses sans entendre une voix hurler dans ma tête, parce qu’en un beau dimanche ensoleillé, j’ai décidé d’aller patiner à toute vitesse au mauvais endroit ?! Toute cette vie que je m’étais appliquée à prévoir, cette carrière et tout ce pour quoi j’avais tant travaillé, tout cela me semble si lointain, évaporé. Un peu comme si je vivais dans un drôle de cauchemar, qui n’en finit pas… Sans compter les commentaires extérieurs : Mais tu es jeune, ça devrait guérir vite ! Tu étais pourtant super en forme, c’est bizarre que ça mette aussi longtemps, non… Et pourtant.
Pourtant, ce cauchemar n’en est pas un. Pas complètement, du moins. Oui, tout mon corps est douloureux. Oui, j’ai mal dans ma chair en continu. Mais non, je ne suis pas malheureuse. Étonnamment, je garde la patate et je suis de bonne humeur presque tout le temps – of course, il m’arrive d’avoir des phases de découragement, je suis humaine, mais elles sont tout de même relativement rares. Alors, comment est-ce qu’on garde le moral pendant une convalescence à rallonge, comment est-ce qu’on continue à sourire malgré la douleur qui dure, dure, dure ?
Je n’ai pas de secret à vous dévoiler aujourd’hui, seulement des petits trucs et astuces que j’utilise quand je sens une vague de découragement pointer le bout de son vilain gros nez.
1. Identifier la source du découragement
Le plus souvent, la déprime pointe le bout de son nez dans deux types de situations. Qui sont en fait une seule et même situation. Quand la douleur est trop forte. Pourquoi ? Eh bien, soit parce que supporter la douleur vous devient insupportable, soit parce que vous commencez à baliser sur l’évolution de votre convalescence…
En gros, ça arrive quand la douleur, qui était à un niveau que vous pouviez endurer – attention, douloureux hein, mais soutenable – augmente d’un coup. Parce que vous avez trop tiré. Parce que vous êtes allé à une séance de rééducation. Parce que vous avez pris un peu moins de médocs… Bref, pour l’une ou l’autre raison.
Et lorsque l’intensité de la douleur augmente, ça fiche un gros coup au moral, en plus du coup au corps.
Pour gérer la douleur en elle-même, je vous renvoie à mes articles 5 astuces pour gérer la douleur sans médicament et surtout surtout, celui sur les yoyos de la convalescence pour anticiper, éviter et tenir le coup pendant ces sautes d’intensité déprimantes.
Le point sur lequel vous pouvez vraiment agir efficacement, c’est les angoisses relatives à l’évolution de votre convalescence.
Parce que quand la douleur augmente, il est facile de se laisser emporter dans l’horrible cercle vicieux des : Oh la la, mais quand est-ce que ça ira enfin mieux ? Ça progressait bien pourtant, je commençait à espérer et à faire des projets, et là, tout s’écroule de nouveau, est-ce que ça va enfin se terminer un jour ce bazar ? Et si jamais je ne guéris jamais ? Qu’est-ce que je vais devenir ?
Mais en fait, ce genre de réflexion, ça ajoute une couche de souffrance à votre douleur – différence vite fait : la souffrance c’est votre esprit qui la crée, la douleur c’est le corps qui l’exprime. Et devinez quoi ? Si vous ne pouvez pas diminuer d’un coup de baguette magique votre douleur physique, vous pouvez du moins par un tour de passe passe de self-control limiter la souffrance et les angoisses !
Comment ? En reboostant vite fait bien fait votre jauge de courage ! Et laissez-moi vous dire que ces stratégies sont à appliquer dès que vous sentez une livraison de vague à l’âme, car il est bien plus facile d’endiguer et de désamorcer les diverses inquiétudes et angoisses dès le début plutôt qu’une fois submergé !
2. Rebooster la jauge de courage
Stratégie 1 – Si j’étais superman
Mais je ne suis pas Superman…
Donc en gros, pour garder le moral si la convalescence s’éternise, il faut d’abord reconnaître son impuissance et prendre son mal en patience avant de se focaliser sur tous nos supertalents.
Eh oui ! Je vous avais parlé de mon pote à la compote Epictete dans l’article Garder le moral avec les stoïciens, vous vous rappelez ? Si quelques bribes vous sont restées en mémoire, le bonhomme – pardon, l’éminent et très sage philosophe – nous disait que le corps fait partie des choses qui ne dépendent pas de nous, et sur lequel vous n’avons donc aucune emprise. Contrairement à la croyance contemporaine qui veut que l’on contrôle de manière tyrannique son corps : par le sport, par la nutrition, par l’entraînement, par la médecine… Alors, qu’est-ce qui a changé ? On aurait de meilleures connaissances aujourd’hui ? On serait plus avancés sur ces points-là actuellement ? 🤔 On parle tout de même d’un bonhomme qui vivait à une époque et au cœur d’un peuple qui accordait tellement d’attention à la forme physique qu’il l’a érigée en jeux olympiques ! Et je ne vous parle même pas du régime alimentaire méditerranéen, dont les vertus sont encore à ce jour encensées… Peut-être tout simplement qu’il avait eu le bon sens de se rendre compte que lorsqu’on a tout bien fait, suivi les conseils de ses médecins, pris ses médicaments, pas fait d’effort physique déraisonnable qui mettrait en péril la consolidation, et bien il ne nous reste plus qu’à lâcher prise, prendre son mal en patience et laisser faire le temps/les médicaments/le corps… Et arrêter soi de vouloir en faire plus pour guérir plus vite. Parce que ça ne marche pas. Ça épuise juste le corps, et après il se trouve même parfois qu’il guérisse encore plus lentement.
Alors oui, vous comprenez bien qu’en théorie il vous faut vous débarrasser de vos angoisses en vous disant que vous avez déjà fait tout ce qu’il fallait et que vous n’y pouvez plus rien, donc que ça ne sert à rien de se faire du soucis maintenant, puisque ça ne changera absolument rien au futur. N’est-ce pas ? Plus facile à dire qu’à faire, hein ? Mes petits trucs dans ces cas-là, c’est de reconnaître que je ne suis pas voyante. Sans boule de cristal fiable, je n’ai aucune idée de ce que l’avenir me réserve. Peut-être que dans deux mois je serai rétablie et avec une forme du tonnerre – ce serait pas trop cool, ça ? -, peut-être que dans un an je serai toujours en convalescence, même si je ne me le souhaite pas. Qui sait ? Pas moi, pas mes docteurs. Alors pourquoi imaginer forcément le scénario catastrophe, et me faire du mal en ajoutant de la souffrance à ma douleur ? Je peux choisir de balayer d’un coup ces vilaines pensées, soit en faisant l’autruche pour ne plus penser, soit en choisissant d’imaginer un futur radieux. Ça s’appelle reschifter son mindset sur du positif 😊 ! Et ça, c’est un super pouvoir qui se travaille.
Stratégie 2 – La liste des petites victoires
Voilà ma stratégie go-to, mon chouchou quand il m’arrive d’avoir un petit coup de mou et de me sentir un peu désemparée.
Quand je suis effarée par le temps passé coincée dans un lit depuis cette vilaine chute, que j’ai l’impression que ça s’éternise, je dresse toujours la liste de mes petites victoires.
Pour ça, il vous faut commencer par dresser la liste de toutes ces petites évidences qu’on croit acquises quand on est en bonne santé mais qui ne le deviennent plus le jour où un truc nous arrive. Ce sont toutes ces micro-actions du quotidien auxquelles on ne pense même pas, sauf le jour où ça devient une véritable épreuve de volonté de les accomplir tellement elles sont douloureuses.
Et à côté, il vous faut transformer cette liste des petites évidences qui ne le sont plus en liste des petites victoires. C’est-à-dire vous réjouir de toutes ces petits efforts de votre quotidien de malade qui ne vous coûtent plus autant qu’avant. Jubiler pour tout ce que vous pouvez de nouveau faire sans être crucifié.
Pour moi par exemple, ce sont plein de petites choses toutes bêtes, mais qui compliquent carrément l’existence lorsqu’elles ne sont plus naturelles :
- Faire un pas sans que les vibrations se répercutent dans le dos
- Pouvoir tenir debout sans avoir la sensation que la colonne vertébrale irradie dans tout le dos
- Se laver les dents sans que chaque coup de brosse soit ressenti dans les vertèbres
- Pouvoir descendre un petit escalier dans avoir à mettre les deux mains dans le dos pour éviter que ça ne bouge trop et que mon bassin et mes dorsales se coincent
- Pouvoir tourner la tête pour regarder avant de traverser la rue plutôt que d’avoir à tourner tout le corps d’un bloc
- Savoir que si je laisse tomber un objet par terre, je n’aurais pas mal pendant 30 minutes si je décide de le ramasser
- Ne plus me faire doubler par les mamies dans la rue
- Réussir à doubler une mamie dans la rue – oui, une mamie, parce que pour l’instant je n’ai pas encore récupéré la vélocité d’un parisien en pleine force de l’âge !
- Trouver une position de repos dans laquelle je ne ressens plus de douleur
- Pouvoir être allongée sur le dos quelques minutes plutôt que de devoir rester coincée sur le côté droit
- Réussir à porter une bouteille d’eau d’1,5L de ma cuisine à mon lit sans avoir l’impression d’être en train de soulever un homme d’1,80m bien en muscles
- Pouvoir mélanger une pâte à cookies sans avoir la sensation que les mouvements de bras vont arracher mes omoplates de mon dos
- Ne pas avoir à m’allonger 15 minutes après avoir lacé mes chaussures
- Pouvoir aller jusqu’aux toilettes la nuit simplement avec mes tongues amortissantes sans avoir à enfiler une paire de chaussons fermés contenant mes semelles spéciales
Et la liste est encore bien longue ! À vous de faire votre propre liste, maintenant.
Quelle joie quand vous vous rendrez compte du chemin accompli ! Lorsque le temps semble long, que vous avez l’impression que votre état n’avance pas d’un iota, cette liste de vos petites victoires est là pour vous rappeler qu’en réalité, ce sont déjà beaucoup de iotas qui ont été parcourus ! Et que votre qualité de vie, même si elle n’est pas idéale, est toujours bien meilleure qu’au début de votre convalescence ! Super, non ?
Stratégie 3 – 50/50, Appel à un ami, avis du public ?
Bon, si vraiment tout va mal, que vous n’arrivez pas à lâcher-prise pour bazarder vos angoisses et que la liste des petites victoires ne suffit pas à vous remonter le moral, n’oubliez pas que vous n’êtes pas seul. Personne ne l’est !
Ce ne serait pas le moment de passer un petit coup de fil à un ami ? D’organiser un goûter pour vos proches ? Entourez-vous ! Rien de tel que de passer du temps à rigoler et de sentir le soutien indéfectible de son entourage pour chasser à grands coups de balai une vague de découragement !
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Et vous, quels sont vos trucs pour ne pas vous décourager lorsque votre convalescence s’éternise et que vous n’en voyez plus le bout ? Vous avez testé mes méthodes et elles vous ont aidé ? Dites moi tout en commentaire ! Et n’oubliez pas : COURAGE !!!
Vous aimeriez d’autres conseils pour rester de bonne humeur et avoir la patate quand vous êtes malade ? Passez donc faire un tour dans la rubrique Garder le moral !
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